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Pakham, Teuka et Piamai Nai


Nous profitons de cette période de confinement et de l'arrêt de nos enquêtes pour vous faire un retour sur notre déplacement dans les villages de Pakham Teuka et Piamai Nai (district de Namor). (De gauche à droite ci dessous).


C'est dans ces villages qu'Ombeline et Lucas avaient mené leur étude sur le thé. Nous souhaitions à travers quelques entretiens avec des villageois voir si la situation avait changé depuis l'année dernière.


Avant de rejoindre ces villages, nous nous sommes rendus dans la ville de Namor, ou nous passons par le bureau provincial de l'agriculture et des forêts. Ici, nous récupérons Sivone, qui représentera le DAFO (District of Agriculture and Forestry Office) lors de notre déplacement. Nous reprenons la route, dans un premier temps asphaltée, nous traversons la future voie de chemin de fer encore en travaux - celle qui reliera d'ici peu de temps la Chine à la Thailande -, puis nous atteignons les pistes couleurs rouges brunes et entamons notre ascension vers les villages. Nous sommes ballottés sur cette route en lacet, mais nous sommes aussi conquis par le magnifique paysage qui nous entoure. Entre les espaces agricoles secs des fonds de vallées et les forêts sauvages des versants montagneux plus abruptes, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer du spectacle. Après deux bonnes heures de route, nous arrivons dans le village de Pakham.

Pakham est un village composé de deux ethnies : les Khamu et les Hmongs. Nous sommes accueillis par le Nây Ban (chef de village). Sous le soleil écrasant, le village paraît assez vide. Nous apprenons que tout le monde est au champ en cette période de récolte et de séchage du tabac. Malgré sa lourde charge de travail, le chef du village prend du temps pour répondre à nos quelques questions.

Il nous explique tout d'abord que depuis l'année dernière de nombreux acheteurs se sont intéressés au thé de ce village. Cependant, du fait de la sécheresse persistante en cette fin de saison sèche, encore très peu de thé a pu être récolté cette année, c'est pourquoi les villageois n'ont pas pu encore en vendre. Enfin, le Nây Ban nous explique que récemment un commerçant chinois est passé pour donner des graines de théiers aux villageois - sans la moindre contrepartie. Cependant, les villageois ont refusé de les utiliser, de peur d'avoir des graines de mauvaise qualité, qui ne feraient à termes pas du bon thé. Nous n'abusons pas plus du temps du chef de village et reprenons la route pour aller dans un village voisin, pour voir s'ils ont eux aussi reçu certaines de ces graines de thé. 

Nous arrivons alors dans le village de Piamai Nay. Il s'agit d'un village Akha. Les femmes de cette ethnie sont reconnaissables à leur coiffe rose. Ici, nous parlons quelque peu avec le chef du village, qui nous explique qu'ils ont aussi reçu des graines. Ils ont ici fait le choix de

planter ces graines dans la forêt et verront bien ce qu'il adviendra des théiers qui pousseront. Vincent profite de l'occasion pour faire un tour des nouvelles latrines du village. Le CCL travaille en effet avec ce village pour installer des toilettes pour chaque famille. Nous apprenons qu'avant cela, ici il n'y avait pas de toilettes, ce qui posaient de sérieux problèmes d'hygiène. Nous retournons ensuite dans le village de Pakham. Nous profitons des dernières lueurs de la journée pour aller voir un séchoir à tabac. Ces bâtiments en terre cuite permettent grâce à un système de chauffage à bois de faire sécher les feuilles de tabac pendant une dizaine de jours avant de les vendre. Nous rencontrons un homme qui nous explique devoir veiller toute la nuit pour maintenir le feu du séchoir et éviter les accidents. Il s'agit d'un travail assez dangereux qui demande une grande vigilance.


Nous rentrons ensuite chez notre hôte, le Nay Ban. Nous aidons sa femme en cuisine qui prépare le dîner. Nous découpons le choux, râpons la papaye qui servira à faire la salade de papaye - plat incontournable pour son goût pimenté. Puis nous prenons part à table en compagnie du Nây Ban, sa femme ne dînera pas avec nous. Nous sommes installés sur des petits coussins autour d'une table basse ronde - ce qui est typique des villages du Laos.  Ce soir, en plus des plats préparés par nos soins en cuisine, nous mangeons du riz gluant et des petites grenouilles assaisonnée à la feuille de combava. Après ce copieux repas, durant lequel il est d'usage de manger jusqu'à satiété, une petite réunion entre les différents villageois intéressés par la production du thé débute. Nous parlons de l'utilisation des woks à thé. Ces woks ont été construits en vu de limiter le goût de fumée trop prononcé qu'avait le thé. Nous apprenons que les acheteurs chinois semblent satisfaits de ce nouveau processus de transformation. Nous parlons aussi des semences de théiers. En effet, ces deux dernières années, les semences ont eu beaucoup de problèmes (faible taux de germination et fort taux de mortalité). Il faudra donc trouver de nouvelles solutions pour répondre à cette question de germination des graines et de mortalité des jeunes plants de thé. Ceci permettra à terme d'agrandir les plantations de thé !


Notre réunion est interrompue par l'emploi du temps chargé des paysans. En effet, certains doivent retourner aux séchoirs à tabac pour maintenir le feu en place. De notre côté, nous installons nos couchages et nous endormons. Louise et Sivone rejoignent une autre maison. A savoir que les filles et les hommes ne dorment pas dans la même maison, par respect pour les hôtes ! Le deuxième jour nous nous réveillons de bonne heure pour aller voir les jardins de thé d'une villageoise. Nous empruntons de magnifiques sentiers, avant d'arriver dans la petite parcelle de théiers. C'est de là que proviendra le thé blanc que le CCL préparera bientôt et que nous espérons pouvoir faire venir en France pour le goûter !

Nous reprenons ensuite la voiture, et nous rejoignons Teuka, le plus isolé des trois villages. Le Nây Ban, sa femme et ses enfants nous accueillent chaleureusement. Nous discutons brièvement avec lui et découvrons que des graines de thé leur ont aussi été proposées. Cependant, les commerçants chinois n'ont pas voulu planter ces graines, car aucune parcelle assez loin des champs de canne à sucre n'a été trouvée - à noter que la culture de canne à sucre demande beaucoup de pesticides, ce qui peut contaminer les feuilles de thé si les théiers sont trop proches de ces parcelles. Aucun autre commerçant chinois ne s'est déplacé jusqu'au village. Les paysans restent encore assez réticents à l'idée de développer la culture du thé. Il faudra donc trouver des débouchés plus solides pour envisager un développement de cette culture du thé dans le village !


Nous regagnons alors Oudomxay, avec beaucoup de nouvelles informations mais aussi de merveilleux souvenirs.

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