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Le Laos, un pays pluri-ethnique

Dernière mise à jour : 29 mai 2020

Dans cet article le terme lao fait référence aux personnes qui font parti de l'ethnie lao (majoritaire dans le pays), laotien fait référence aux habitants du Laos.



Il a été pour nous très surprenant de voir que le Laos se distingue par l'immense diversité culturelle qui y réside. A travers certaines rencontres, nous apprenons par exemple que la plupart des laotiens n'ont pas pour langue maternelle le lao - qu'ils ne parlent parfois même pas. Leur langue maternelle peut être le hmong, le kamu, le akha etc... Le lao est ensuite appris à l'école par les jeunes laotiens qui deviennent alors bilingues. Ceci peut d'ailleurs poser problème, car tous les manuels scolaires sont maintenant en lao, ce qui complique parfois l'apprentissage pour certains.


Ces différences culturelles sont loin de se limiter au seul aspect linguistique, celles-ci se dégagent aussi sur le plan de la religion - ici, les bouddhistes (50% de la population) côtoient les animistes (45%) les chrétiens (2%), ou encore quelques minorités musulmanes. Ces différentes religions cohabitent et s'acceptent mutuellement.

Même si le bouddhisme paraît omniprésent dans ce pays (comme le montre la grande quantité de lieux de culte bouddhiste), il est loin de se dégager comme la religion unique.


Enfin, ces différences sont aussi marquées sur l'aspect des traditions. Par exemple, au Laos, quatre nouvel-ans sont principalement fêtés :

  • Le Nouvel An chinois (qui a lieu en février) ;

  • Phi Maï, ou le Nouvel An lao, qui a lieu au milieu du mois d'avril ;

  • Le Nouvel An hmong, qui a lieu en fin d'anné ;

  • Le Nouvel An international.


Ainsi, ces grands groupes culturels, sont considérés comme des ethnies qui se différencient par leur langue, leur religion, leurs traditions, leur ascendance ou encore leur histoire. Chacune de ces ethnies dispose d'une identité qui lui est propre, et s'organise selon ses propres règles.

Par exemple, lorsque certaines ethnies se basent sur un système patrilocal (la femme s'installe chez ses beaux-parents) et patrilinéaire (les hommes héritent des biens et du nom) - c'est par exemple le cas des hmongs -, d'autres se bases sur un système matrilocal et matrilinéaire - c'est notamment le cas des kudongs.

Toutes ces communautés, vivent dans une certaine harmonie au sein de ce pays, qui peinent encore de nos jours à toutes les reconnaître. Aujourd'hui, malgré, les tentatives de l'état d'imposer à tous la langue lao, et malgré un certain prosélytisme bouddhiste, les différences ethniques restent assez bien respectées.

L'histoire bien originale du Laos a aussi contribué à cette richesse culturelle :

Le Laos a d'abord été habité par la famille ethno-linguistique austro-asiatique. Durant le XIIIème siècle les tai-kadai (dont fait partie l'ethnie majoritaire lao) sont venus du Nord pour rejoindre le Laos. Ils se sont installés dans les fonds de vallées et dans les plaines plus fertiles et adaptées à la pratique de l'agriculture. Ils ont alors repoussé les ethnies austro-asiatiques, déjà présentes sur place, sur les flancs de montagnes. Au XIXème siècle le Sud de la Chine est touché par de nombreuses tensions durant lesquels s'opposent le pouvoir central (tenu par la dynastie des Han) à différentes ethnies minoritaires. Ces troubles politiques sont largement catalysés par les forces coloniales européennes (anglaises et françaises), qui désiraient désorganiser l'empire du milieu. C'est dans l'émergence de ces conflits que les ethnies miao-yao ont été repoussées hors de Chine pour aller se réfugier dans la chaîne de montagne indochinoise. Certains groupes ont alors rejoint le Laos, et se sont installés dans les endroits encore inhabités : c'est-à-dire le haut des montagnes. Ces trois grands groupes ethniques sont représentés sur les billets de 1000 kips laotiens.

Lors du nouvel an lao (Phi Maï), l'ensemble des laotiens paient un tribut symbolique au premiers habitants du Laos, autrement appelés les "Gardiens des Terres".

Ces principales vagues migratoires ont participé à la construction de ce pays marqué par sa diversité ethnique. Ici, quatre grands groupes ethnolinguistiques cohabitent, pour plus de 49 ethnies recensées en 1995.


Les grandes familles ethniques au Laos (recensement de 1995).



Pour comparaison, en Europe, seulement deux familles ethnolinguistiques cohabitent (indo-européenne et ouralienne). Ainsi, au regard de l'ethnologie, il y a moins de différences linguistiques entre l'indien du Nord et le français qu'entre le hmong (langue parlée par une des ethnies des montagnes du Nord du Laos) et le lao (langue parlée par l'ethnie majoritaire au Laos).


Cette diversité culturelle et linguistique représente un véritable trésor pour le Laos.

Cependant, la standardisation des cultures, pose la question de la pérennité de cette pluralité ethnique. Par exemple, avec l'imposition de la langue lao par le gouvernement, certaines langues disparaissent peu à peu. Aussi, avec l'ouverture du pays à la modernité, l'attrait des jeunes pour une culture plus à l'occidentale est de plus en plus marqué. On peut par exemple noter que les vêtements traditionnels sont de moins en moins portés, c'est particulièrement le cas dans les villes, mais ceci peut aussi se voir dans les villages (sur la photo ci-contre, on peut voir des femmes akha portant une coiffe rose, élément culturel de cette ethnie). Enfin, la mutation des habitudes alimentaires qui gagne peu à peu le pays, met en avant ce lissage des cultures.


Ceci montre bien tout l'enjeu du modernisme : améliorer la qualité de vie des habitants sans pour autant effacer les traditions propres à chacun.



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