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Ainsi s'écoule le Mékong

Dernière mise à jour : 29 mai 2020

Le Mékong, fleuve majeur d'Asie du Sud-Est, a largement participé au modelage du Laos tel qu'on le connaît aujourd'hui. De Vientiane jusqu'à Paksé, le Laos est en effet marqué dans sa partie ouest par la large vallée du Mékong.

Ce fleuve, immense par sa taille forme aussi une frontière naturelle entre le Laos et la Thaïlande. Trois récents ponts de "l'amitié lao-thaïlandaise" - disposant chacun d'une longueur dépassant le kilomètre - enjambent ce monstre d'eau et viennent sceller une nouvelle ère de collaboration entre le Laos et la Thaïlande. Ceux-ci témoignent aussi de l'ouverture nouvelle du Laos aux autres partenariats régionaux.

Mais la symbolique de ce fleuve est loin de se limiter à ce seul aspect. En effet, s'imprégner du Mékong, c'est aussi s'imprégner du courant de modernisme qui gagne peu à peu le pays.


Le Mékong est un des fleuves les plus importants du monde, qui a su fixer les populations du Laos sur ses abords relativement accessibles et propices à l'agriculture et en particulier à la pratique de la riziculture. Les plus grandes villes du Laos se sont d'ailleurs établies le long de ce fleuve. C'est le cas de Luang Prabang ancienne capitale du Laos - à 'époque, royaume des milles éléphants - plus au Nord, mais aussi de Vientiane au centre, de Savannakhet, de Paksé et de Champassak plus au Sud.

Même si le trafic fluvial est limité sur ce fleuve qui reste impraticable sur certaines portions, et cela notamment durant la saison sèche, il s'agit d'un axe de communication très important.

Aussi, le Mékong et ses affluents offrent de nombreuses opportunités économiques qui participent au modernisme récent auquel aspire ce pays. C'est notamment le cas avec la mise au point des grandes centrales hydroélectriques, qui se sont installées dans le pays ces dernières années. Ces immenses barrages - dont les constructions ont largement été facilitées par les investissements étrangers - viennent contraster avec les petits villages déplacés, qui il y a de cela quelques années prenaient place dans des zones maintenant inondées.


Le Mékong participe aussi largement à l'attractivité touristique du pays. Entre les 4000 îles au Sud, et les abords aménagés de Luang Prabang, rares sont les touristes qui se rendront au Laos sans profiter de ce fleuve. Des visites des cavernes creusées par le fleuve, aux croisières fluviales en passant par les terrasses des bars surplombant le Mékong l'offre touristique profite largement de cet atout naturel. Même si ce tourisme par la quantité d'argent qu'il génère peut faire rêver, il doit cependant être nuancé. Il faut prendre garde à ces villes qui perdent leur âmes aux profits d'un tourisme qui s'approche parfois dangereusement d'un tourisme de masse. Préserver sa nature et sa culture pour attirer des voyageurs, voilà l'enjeu qui touche le pays.

Le Mékong aujourd'hui, offre encore du travail au pêcheurs artisanaux des abords de certaines villes, qui viennent chaque jour déposer leurs filets à l'aide de leurs minces et longues barques. Ici, on pêche principalement à l'aide de sennes de plages ou de filets maillants dérivants ; mais la palangre et les casiers sont aussi utilisés. Les principales prises sont des poissons de la famille des Pangasidés, et on y trouve aussi des perches ou poissons chats.

Face à cette pêche traditionnelle qui alimente les marchés de certaines grandes villes, se développe l'aquaculture plus moderne. Plusieurs programmes de domestication de poissons endémiques du Laos ont par exemple été mis au point avec l'appui de certaines ONG ou groupes de recherche. Même s'il est encore difficile d'imaginer une production qui égalerait les grandes puissances aquacoles de l'Asie du Sud-Est (Chine, Vietnam, Thaïlande), il peut être envisagé que le Laos puisse développer une certaines indépendance à l'avenir, et répondre aux demandes en poisson de sa population tout en limitant ses importations.

Mais le Mékong n'est pas seulement source de vie pour ses poissons et ses pêcheurs. C'est aussi un incroyable lieu de vie pour beaucoup de laotiens. Il est par exemple possible de voir des jeunes moines jouer ou se laver dans ce fleuve Mékong au côté de certains buffles d'eau. Aussi, certains villageois utilisent l'eau du Mékong pour laver leur vaisselle ou leur linge. En face de la ville de Luang Prabang, une île a été aménagée pour que les laotiens les plus aisés se détendent les jours de fête (ci-dessous, à gauche). Quelques cabanes ont été installées pour se protéger du soleil, et on y passe l'après-midi en chantant, et en buvant quelques bières lao en famille ou entre amis.

Mais toutes ces activités qui se rassemblent autour de cet incontournable noyau de vie, doivent être sans cesse questionnées ; à la fois sur leurs complémentarités et leur durabilité. Certains enjeux tel que le maintien d'un niveau d'eau minimum, nécessaire à la pratique de certaines activités (comme la pêche, ou certaines occupations plus récréatives), est essentiel. La résilience des aménagements, notamment aux risques de crues, doit être réfléchie en amont. Enfin, préserver la biodiversité et éviter la contamination du fleuve, sont deux points fondamentaux qui ne doivent pas être relayés au second plan, derrière cette appétence si forte pour le modernisme.

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