Le thé de forêt à Teuka
- T(h)erroirs
- 22 mai 2019
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 mai 2019
Dans ce village, le thé fait partie intégrante de la culture : toutes les familles boivent quotidiennement du thé produit localement. La moitié du village, soit 25 familles, possèdent des petites plantations de thé qui ont été plantées à la suite d'un projet allemand de soutien au développement. Les villageois pensaient pouvoir vendre ce thé, mais les Chinois qui avaient promis le marché ne sont jamais revenus. Du thé de forêt, il ne reste que 3 arbres sauvages et 4 plantations issues de graines sauvages.

En arrivant dans la forêt, nous découvrons que deux de des arbres sauvages sont cassés en deux. Le villageois qui nous guide nous explique qu'ayant des difficultés à cueillir les feuilles des hautes branches, il a réalisé de petites entailles dans le tronc pour le courber plus facilement. Malheureusement, l'arbre n'a pas résisté à ces entailles et lorsque l'homme a cherché à s'accrocher aux branches, il s'est effondré devant nous … Sur la parcelle voisine, nous allons voir plus d'une dizaine de théiers sauvages calciné après l'abattis- brûlis qui prépare la culture de la canne à sucre.
Il y aurait d'autres théiers à voir à l'emplacement de l'ancien village. Nous partons sur les chemins montagneux, en passant par une crète splendide séparant les provinces de Phongsaly et d'Oudomxay. Le chef du village nous emmène voir ces vieux théiers... récemment brûlés. On peut espérer que des jeunes théiers repoussent encore naturellement, mais la ressource a été durement réduite en quelques années.

Un autre jeune nous emmène dans sa plantation : dans un magnifique sous-bois s'étendent une trentaine de petits théiers des forêts, entouré de plants de cardamome. Pas d'abattis-brûlis prévu, la culture de cardamome "protège" en quelque sorte la ressource !
Quelle valeur donnent-ils au thé de forêt pour choisir de brûler les derniers afin d'y faire de la canne à sucre ? Certains nous disent que ce n'est pas grave d'abandonner ces vieux théiers car il leur reste encore des plantations du projet allemand. Et sans marché certain, ils n'y voient pas forcément d'intérêts. Est-ce que les villageois emploient délibérément des techniques risquées pour la survie de l'arbre ? C'est à creuser.
Cependant, ils préfèrent la boisson issue de ces théiers endémiques à celui venant des théiers "allemands" : une piste pour leur faire comprendre la valeur génétique et économique potentielle de ces arbres. Faire de ces espaces des réserves naturelles ou planter de la cardamome avec les théiers sont des façons de les protéger. Un marché rémunérateur resterait la meilleure façon de donner de la valeur à ces arbres et d'assurer leur préservation active par les villageois.
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